1939-1945

PC du Général Grandval

30/09/2015

Témoignage de Mme Adrienne LAMOR née MERLAND, le 24/04/1928,

Fille de Auguste MERLAND, maire de BETHINCOURT de 1940 à 1952.

Témoignage transcrit par sa belle-fille, Elizabeth LAMOR.

 

Le PC du Général Grandval  (à l’époque Colonel) a été hébergé du 6 juin au 13 juillet 1944 au 1er étage de la maison de M. DULPHY à BETHINCOURT (aujourd’hui, le 8 avenue des Tilleuls)

Grandval en 1947 pc grand val

S’y sont installés le Colonel Grandval ainsi que ses aides de camp, LARDIER et NEROT.

Mme MARTIN, l’institutrice de l’époque, logeait des « estafettes » ; de même Caroline MERLAND, qui tenait le café du village,  et M. GARRET, le garde-forestier, hébergeaient eux-aussi des résistants

caféLe café du village (aujourd’hui 14 avenue des Tilleuls)

 La restauration de ces résistants était assurée  par Gabrielle (née THIEBAUD), l’épouse d’  Auguste MERLAND, dans la salle à manger de sa ferme (actuellement le 7 avenue des Tilleuls) aidée de sa fille Adrienne, alors âgée de 16 ans.

Gabrielle MERLAND cuisinait tous les jours pour 6 à 12 personnes, mais n’avait pas le droit de servir ou d’assister au repas.

C’était donc sa fille Adrienne qui seule était autorisée à faire le service à table.

Le colonel Grandval l’avait mise en garde, textuellement (paroles qu’elle garde dans sa mémoire) « Tu vois tout, tu entends tout, mais tu ne diras jamais rien… ! »

Le plus souvent se retrouvaient aux repas :

- le Colonel GRANDVAL, appelé aussi « Patron »
- Pol NEROT, chef d’Etat-Major de la Région
- René LARDIER, dit « Louvre »- agent de la CDLR à paris, et agent de liaison personnel de    GRANDVAL
- GILBERT
- HUBERT
- Jean BERTIN
- Jeanne LANDES, estafette
- Jean BERTRAND
- Pierre BOUCHEZ
- Jean DERRIEN
- Jacqueline AUBREE, estafette
- DUBOURG, responsable des parachutages et des atterrissages
- MACHET
- Cécile GOBET (estafette)

Le Colonel GRANDVAL était l’envoyé du général de Gaulle, membre du Comité directeur de la Résistance, délégué militaire commandant de la 20ème Région Militaire, chef de l’Armée clandestine, FFI entres autres…

Le Colonel GRANDVAL et son Etat-Major sont arrivés chez Auguste MERLAND, membre de la Résistance, sur sollicitation du chef de secteur de Verdun, M. ROLLAND, chapelier de son état, accompagnés par Lucienne BORDE et Michel PAYAN, deux résistants de Verdun.

Il faut savoir que Jacqueline AUBREE sera arrêtée à BETHINCOURT par les Allemands. Elle sera incarcérée à la prison de TOUL.

Par contre René  LARDIER et son amie Cécile GOBET ont été abattus  « aux 4 routes », en revenant chercher quelques affaires personnelles mal informés de la présence des Allemands. Ils venaient d’EPINONVILLE (ferme TINTELIN), nouveau refuge du Colonel GRANDVAL.

Cécile GOBET a été tuée sur le coup, René LARDIER a été blessé d’un tir de mitrailleuse ; leurs corps n’ont jamais été retrouvés. A l’endroit de cette fusillade a été érigée une stèle.

stele

(NB : des recherches effectuées depuis auprès des différentes archives militaires ont permis de retrouver la trace de ces deux personnes. Lire dans un autre article…)

 Le Colonel GRANDVAL a quitté BETHINCOURT après avoir appris l’assassinat d’un chauffeur de camion allemand lors d’une battue administrative, par des résistants du maquis d’AVOCOURT (Michel DETANTE et d’autres…).

Les fermes d’Auguste MERLAND et de son frère Gabriel MERLAND (deux fermes mitoyennes, actuellement les 7 et 9 avenue des Tilleuls) ont été incendiées par les Allemands dans la semaine qui a suivi l’invasion des Allemands dans la commune, fin juillet , ainsi que la maison de Mme Renée MERLAND, une ancienne baraque Adrian, issue de la reconstruction du village d’après 1918, qui se trouvait à proximité du lavoir, encore existant aujourd’hui.

baraque adrian

Il est à noter que personne n’a péri dans ces incendies. Un soldat allemand (d’origine autrichienne) avait expliqué à Adrienne MERLAND qu’il ne fallait pas rester dans ces maisons….

C’est ce qui explique qu’Adrienne, Maria (une ouvrière agricole employée par Auguste MERLAND), Yvonne MERLAND et son petit frère Guy, leur grand-mère Renée dormaient depuis quelques nuits chez M. et Mme BAUNY. Puis ils ont habité chez Mme BOLINSKI Suzanne (SCHOCHE), une autre habitante de BETHINCOURT.

 La Résistance à BETHINCOURT :

C’est Auguste MERLAND qui est entré le premier en résistance dès le 8 novembre 1942, C.N.I. n°5739, sous le nom de « Roger DUBOIS », et en tant que chef de groupe de BETHINCOURT.

C’est lui qui enrôle son frère Gabriel, puis Jules GUILLAIN, Marcel LATRAY, Octave LAMOUR, Henri BAUNY puis Pol LEFIN dans les F.F.I.

lamor10Auguste MERLAND en train d’apprendre à tirer au jeune Henri BAUNY, 17 ans

 Durant  la présence de GRANDVAL à BETHINCOURT, les deux frères Auguste et Gabriel MERLAND sont très souvent absents du village, car aux ordres du Capitaine ROLLAND de Verdun.

Ils menaient des actions de sabotage, déraillements de trains, coups de mains divers…

Avant l’arrivée de GRANDVAL, le groupe de résistance avait aménagé une « CAGNAT » de la zone rouge (ouvrage de 14-18) en entrepôt.

Cet abri était équipé d’un lit et était gardé en permanence par Jules GUILLAIN.

Le matériel de l’Etat-Major de GRANDVAL était constitué de : 1 poste émetteur-récepteur, des caisses de brassards F.F.I., 1 machine à écrire, 4 à 5 valises d’effets personnels.

L’armement personnel d’Auguste MERLAND comprenait : 2 Mitrailleuses, 2 Fusils- Mitrailleurs, 5 Mousquetons, 5 Lebels, 125 grenades quadrillées, 8 caisses de cartouches (avec balles traçantes sur Bandes rigides), 3 à 4 000 cartouches de Fusils Mitrailleurs.

C’est Auguste MERLAND qui trouvera un nouveau refuge à la ferme d’EPINONVILLE pour le Colonel GRANDVAL et qui a organisé son départ.

Auguste MERLAND a reçu citations et Croix de Guerre pour ces faits de résistance, ainsi que la Médaille de la Résistance. Il est resté mobilisé jusqu’en Novembre 1944.